Libellule,
un mot aussi élégant qu’évocateur. A l’entendre, on a
l’impression d’en voir voler une. Oui, mais laquelle ?
Derrière la légèreté et l’apparente clarté du vocable se cache
en réalité un maquis serré de familles, de genres et d’espèces.
Une centaine pour la France, pas moins de soixante et une pour le
seul département de Maine-et-Loire. Caloptéryx vierge, Leste
barbare, Brunette hivernale, Ischnure élégante, Naïade aux yeux
bleus, Aeschne isocèle, Gomphe gentil… et j’en passe.
Quelques unes ont heureusement la simplicité de s’appeler
simplement Libellule, à quatre taches notamment.
Comment
ne pas se perdre dans ce labyrinthe de noms, ce foisonnement de
couleurs, de formes et autres détails plus ou moins subtils ?
Heureusement
qu’à Cholet nous pouvons compter sur les services du professeur
Charrier, guide es libellules trois étoiles. En deux temps, celui
d’une soirée et celui d’une sortie, il nous conduit pas à pas
dans le monde des Odonates et nous livre les clés d’un univers
encore flou pour la plupart des participants.
Vendredi
7 juin, apprentissage par photos interposées des soixante et une
espèces angevines. Notre professeur nous guide patiemment dans le
dédale des détails à regarder et des différences à ne pas
manquer : écartement des yeux, couleur et forme du ptérostigma,
et la forme de la tache sur tel ou tel segment et les pattes et le
thorax… En bref, tout ce qu’il faut savoir pour ne pas avoir
l’air trop emprunté une fois sur le terrain.
Samedi
15 juin, nous nous retrouvons à sept pour une séance de travaux
pratiques. A Maulévrier, à l’extrémité sud-est du Verdon. La
météo est au vent et à la fraîcheur. Deux filets, manipulés de
main de maître – Ah, ce coup de poignet final ! – cueillent
dans les herbes du chemin, Pennipatte bleuâtre, Ischnure élégant,
Leste vert, Gomphe gentil… quatorze espèces au total dont une
majorité de zygoptères. De quoi en prendre plein les yeux et d’en
savoir un peu plus.
Naïade aux yeux bleus ♀ (Erythromma lindenii) - Queue du Lac du Verdon / Maulévrier (Photo : Sylvie Foucault) |
On
parle beaucoup aujourd’hui de biodiversité. Un mot qu’élus et
médias répètent souvent à satiété mais qui reste bien abstrait
pour qui n’en a jamais fait l’expérience sensible. Or, ce genre
de sortie est souvent la meilleure façon de donner tout son sens à
ce mot. Pas nécessaire d’aller bien loin. Un chemin de campagne,
un bord d’étang, un jardin et cette envie de s’arrêter et
d’admirer le foisonnement du vivant y suffisent.
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Découverte des Odonates - Queue du Lac du Verdon / Maulévrier |
Jean-Michel
Logeais