vendredi 13 septembre 2024


                             PIQUE-NIQUE DE RENTRÉE 


   Le traditionnel "pique-nique de rentrée" avait lieu cette année à Saint-Pierre-Montlimart, à la Cochetière sur mon ancienne exploitation agricole.

   Le chevelu hydrographique de l'Èvre y a façonné ce paysage typique des Mauges rurales, alternant de vastes plateaux agricoles et des vallées creusées par les affluents de la rivière. 

   Nous sommes six au départ de la Cochetière, pour une boucle d'environ deux kilomètres. Trois autres nous rejoindront pour le repas.

   L'endroit, très arboré, est assez animé mais le feuillage, très dense cette année, limite les observations directes. Les cris d'un Grimpereau des jardins, d'un Pouillot véloce et les bribes de chant d'une Fauvette à tête noire n'échappent pas aux oreilles averties et un Gobemouche noir est furtivement observé. Un Rougequeue à front blanc stationne brièvement sur le toit de la grange. Un peuplier mort, judicieusement conservé, attire les pics et un épeiche se laisse longuement observer, cherchant bruyamment pitance dans le bois mort. Quatre pies, sauvées d'un piégeage il y a quelques semaines et sans doute reconnaissantes, jacassent leur joie de vivre.

   Sur l'exploitation voisine, une quarantaine d'Hirondelles rustiques se rassemblent sur les fils électriques, mais se dispersent au passage d'une femelle d'épervier. Ces hirondelles sont très vraisemblablement issues d'une nidification sur place, une quinzaine de nids ayant été comptés en 2023 dans les bâtiments d'élevage.

   Sur le secteur, le bocage est relictuel et les haies qui subsistent encore autour des parcelles agricoles subissent un élagage sévère. Il est navrant de constater la persistance de ces haies taillées "au carré". Malgré tout, Fauvettes grisettes, Tariers des prés, Tariers pâtre et bruants zizi sont contactés. La tête d'un chevreuil mâle, avec ses bois, émerge d'une parcelle de sorgho.

   Une halte se prolonge sur le site de la Galicheraie. Le Conservatoire des Espaces Naturels(CEN) y a acquis une zone de prairies naturelles sur le versant du Charruau, affluent de l'Èvre, au titre de la présence de pelouses sèches. Une zone buissonnante s'avère particulièrement riche: un Rougequeue à front blanc mâle, trois Fauvettes à tête noire, deux Tariers des prés, quatre chardonnerets, une Fauvette grisette. Sylvain suspecte la présence  d'une ou plusieurs Pies-grièches écorcheurs mais reste prudent. 

   Un épervier mâle en vol, deux Faucons crécerelles, douze Hérons gardebœuf et trois Hérons cendrés sont également observés. Un nid volumineux sur un pylone laisse perplexe: un Milan noir?

   Si la plupart des regards sont tournés vers le ciel, Adeline scrute les herbages et nous gratifie de ses découvertes, entre autres: un lampyre, un crache-sang, une éphippigère, un hétéroptère indéterminé.


                                                                                                               Photos: Catherine Lechevallier


   À l'issue du repas pris dans la grange aménagée, une visite à la carrière de Jousselin, à l'ouest de la commune, est proposée. Le faucon pèlerin y niche régulirement mais le suivi devient difficile, la carrière n'étant que sporadiquement exploitée. La convention passée entre la LPO et le propriétaire du site, qui permettait l'entrée aux heures d'ouverture, est devenue inutile. Jusqu'à cette année, l'accès y était facile (quoique clandestin), la clôture étant très endommagée. C'est désormais impossible celle-ci ayant été refaite. De l'extérieur, il est toutefois possible d'observer la zone de nidification, visible en surplomb.

                                                                                                                            photo: Catherine Lechevallier


   La nature, même malmenée, reste un émerveillement qui se partage avec bonheur. Comme cette journée.


                                                                                                       Denis Biotteau