lundi 12 octobre 2020

OISEAUX VOYAGEURS À L’ANGIBOURGÈRE

    Pour voir de plus près la migration des oiseaux, il est besoin de points hauts et bien dégagés. Au nord de la Tourlandry, l’Angibourgère fait figure de site idéal. Sur plusieurs centaines de mètres de crête, court un sentier en balcon d’où la vue porte fort loin. A l’horizon, vers le nord et derrière l’épaulement du Pont-barré, on voit pointer les flèches de la cathédrale et de quelques autres clochers d’Angers. C’est dire le panorama !

    C’est là, ce matin du 11 octobre, qu’a lieu la traditionnelle sortie migration d’automne du groupe LPO Mauges. Huit personnes sont au rendez-vous. Précisons que ni le ciel, encombré de gros lambeaux gris, ni le vent soufflant du nord-ouest n’ont dû motiver les observateurs à se lever tôt, ni les oiseaux à passer en masse.

Observation de la migration - l'Angibourgère / La Tourlandry
(Photo : Bernadette Delaunay)
 

     Malgré cette météo médiocre, aucun regret néanmoins chez les participants. Pas de passages massifs, certes, tels qu’on peut en voir à cette époque, mais, régulièrement, de petites troupes de migrateurs volant plutôt assez haut, hormis quelques escouades d’hirondelles rasant la crête et filant plein sud. Il n’est pas toujours simple d’identifier les oiseaux voyageurs, surtout lorsque viennent à se conjuguer lumière rachitique, éloignement et absence de cris. Reste alors la manière bien particulière qu’ont les oiseaux de voler en groupes : vols indisciplinés et serrés des Linottes mélodieuses, convois réguliers et ordonnés des Pinsons des arbres, petits régiments lâches et onduleux des Bergeronnettes grises.

    De toutes les espèces observées ce matin, au moins treize sont vues en migration, les Pinsons des arbres, les linottes et les Pipits farlouses formant le gros des bataillons. Pas de véritable surprise si ce n’est ce Faucon hobereau tardif et dont la vue d’une troupe d’Hirondelles rustiques passant au même moment a dû attiser la faim.

    A scruter ainsi le ciel dans l’attente des migrateurs, il est difficile de ne pas voir s’activer ici et là les espèces locales. Parmi elles, les deux cadeaux de la matinée : un Élanion blanc occupé à chasser à une centaine de mètres de nous et, tout près, posé à la pointe d’un rameau de genêt, cette jeune Cisticole des joncs ébouriffée par le vent.

    Assister en direct au grand voyage des oiseaux procure toujours une émotion particulière. Installés là, quelques heures durant, sur ce minuscule district, nous sommes les témoins d’une gigantesque transhumance traversant l’Europe, condamnés forcément à ne pouvoir en admirer qu’un fragment infime.

Jean-Michel LOGEAIS