jeudi 18 novembre 2021

Festival d'hirondelles à l'Angibourgère

   C’est au nord de la Tourlandry. Un sentier qui court sur la ligne de crête. Au milieu, une table d’orientation dont le temps a eu raison de la gravure mais où se déchiffre encore l’altitude : 216 m. En contrebas, un champ qui dévale et vient buter contre une haie sinueuse et anarchique. Au-delà, le damier irrégulier du bocage et au fond, vers le nord, l’ourlet du coteau de Pont-Barré. Juste derrière, par beau temps, on peut voir se dessiner les flèches de la cathédrale d’Angers et la silhouette ramassée de la Tour Saint-Aubin. Un panorama de plus de trente- cinq kilomètres. Ici à l’Angibourgère on voit les oiseaux arriver de loin.

Verdier d'Europe ♂ - Chloris chloris -
Photo : Didier Ferrand

Dix matinées à scruter la migration.

    Déjà, à l’automne 2020, plusieurs sorties sur le site nous avaient donné envie de prolonger l’expérience. Pour observer la migration, l’endroit était-il vraiment pertinent ? Il convenait de s’en assurer. Aussi, cette année, entre le 16 septembre et le 21 octobre, quelques observateurs se sont-ils retrouvés là pour comptabiliser les oiseaux de passage. Dix matinées en tout, soit un peu plus de vingt-neuf heures. Quatre observateurs ont participé, deux ponctuellement, deux autres régulièrement. Le choix de ces matinées fut d’abord guidé par la disponibilité de chacun mais aussi par les conditions météorologiques. Une période anticyclonique avec vent de nord ou de nord-est reste en effet peu favorable à l’observation. Les migrateurs volent alors trop haut et deviennent vite indétectables.

La belle surprise des hirondelles.

    Au cours de ces dix matinées, 10974 oiseaux ont été comptabilisés. Parmi eux, quelques locaux représentant une part infime – une centaine tout au plus – du chiffre total. La très grande majorité des oiseaux pris en compte sont des migrateurs observés en migration active, soit en vol direct, soit pour quelques uns en migration rampante.

    50 espèces ont ainsi été recensées. Parmi elles, la mieux représentée et de loin : l’Hirondelle rustique avec au moins 6058 individus soit 55,2% du total des oiseaux observés. A noter que 5422 d’entre elles ont été vues sur trois matinées seulement. Vient ensuite et sans surprise le Pinson des arbres avec 1105 oiseaux et, juste derrière, l’Hirondelle de fenêtre : 705 individus soit 6,4% du flux d’ensemble. Parmi toutes ces espèces, autre surprise, celle du Grosbec casse noyaux observé régulièrement. 53 individus en tout dont 25 en une seule matinée.

    Il convient toutefois de relativiser ces quelques chiffres. Concernant les hirondelles des deux espèces les plus communes, notre présence sur le site s’est révélée trop peu régulière pour se faire une idée juste de la quantité d’individus qui sont passés, une quantité probablement bien supérieure à celle que nous avons enregistrée.

    Touchant le nombre assez faible de fringilles, il faut remarquer d’une part que les conditions météo optimales n’ont pas toujours été au rendez-vous et que l’absence d’observateurs après le 21 octobre tombait juste au moment du gros du passage de cette famille d’oiseaux.

1 105 pinsons des arbres en migration ont été dénombrés
cet automne à La Tourlandry
Fringilla coelebs - Photo : Didier Ferrand

Perspectives.

    Le suivi de la migration postnuptiale 2021 sur le site de l’Angibourgère est d’ores et déjà encourageant au regard de la variété des espèces observées comme du nombre non négligeable d’Hirondelles rustiques comptabilisées.

    Dans les années à venir un tel suivi gagnerait certainement à être plus systématique : multiplication du nombre de matinées, observations jusqu’à la fin octobre, plus grand nombre d’observateurs…

    Aussi, dès aujourd’hui, faisons-nous appel à toutes les bonnes volontés pour participer au suivi du passage postnuptial 2022 sur le site de l’Angibourgère.

    L’observation de la migration des oiseaux est, au-delà du seul aspect comptable, toujours riche d’expériences et d’émotions.

Jean-Michel LOGEAIS & Éric VAN KALMTHOUT