lundi 23 mai 2022

Sortie rapaces à La Plaine

   Au sud des Mauges, à l’ouest du village de La Plaine, la campagne prend doucement du gîte jusqu’à une modeste crête. Depuis ce long balcon sinuant entre les cultures, on surplombe la masse sombre et moutonnante de la forêt de Vezins dans sa partie méridionale. Un endroit idéal pour suivre les rapaces s’envolant depuis le massif. C’est là qu’au cours de cette matinée du 21 mai nous nous retrouvons à six pour profiter de ce point de vue.

 
Bruant proyer - Emberiza calandra -
(Photo : Katia Baudouin)

   La première heure est tranquille côté rapaces : un mâle de Busard Saint-Martin patrouillant au dessus des cultures, la belle surprise d’un Élanion blanc remontant vers le nord. Autour de nous, l’appel d’un Bruant proyer perché sur une ligne électrique, le grisollement de quelques Alouettes des champs, la flûte puissante d’une Fauvette à tête noire, le refrain bref et râpeux d’une Fauvette grisette, le bavardage pressé d’un Hypolaïs polyglotte et, au loin, le chant d’un coucou. Ambiance printanière.

 

Élanion blanc - Elanus caeruleus - Forêt de Vezins
(Photo : Catherine Lechevallier)

L’air se réchauffe, les rapaces prennent leur envol.

   Peu après dix heures, la chaleur aidant, des oiseaux commencent à cercler au dessus du vert sombre des arbres : vol un peu lourd d’une première Buse variable. Mouvements souples et élégants d’un couple de Bondrées apivores, une espèce bien présente dans le secteur avec au moins deux, voire trois couples repérés. On ne se lasse pas de contempler « l’applaudissement » tenant lieu de parade d’une des bondrées aperçues dans la matinée.

   Dix heures trente. Loin vers l’ouest, une silhouette imposante au ventre clair commence à spiraler sans un coup d’aile puis replonge vers la masse des arbres. Un Circaète Jean-le-blanc. Observation un peu frustrante. Trois quarts d’heure après, plus au nord, à nouveau un circaète – le même individu ? – qui, avec force battements et virages serrés, tente d’échappée aux humeurs belliqueuses d’un Busard Saint-Martin particulièrement sourcilleux sur l’intégrité de son territoire. La différence de taille entre l’agressé et l’agresseur saute aux yeux.

 

Buse variable - Buteo buteo - et Corneille noire - Corvus corone
Étang des Noues

(Photo : Katia Baudouin)

   Jumelles et longues-vues fouillent fébrilement le ciel vers la forêt qui, vue de notre belvédère, devient la scène d’un spectacle aérien où se succèdent, aléatoires, différents numéros. Ici, le battement puissant d’un mâle d’Autour des palombes rejoignant trop vite hélas le couvert. Là, un couple d’éperviers tournoyant à faible altitude au dessus de son fief. Là-bas, un couple de Busards Saint-Martin, trop éloigné cependant pour que l’on puisse certifier d’un passage de proie. Vers la droite, une bondrée et trois buses tournant dans la même ascendance. Les deux espèces assureront les intermèdes jusqu’au bout de la matinée.

Des rapaces en nombre.

   Nous étions venus là pour voir des rapaces. Ceux-ci sont bien au rendez-vous. Sept espèces au total, sans compter ce point d’interrogation : un oiseau d’envergure moyenne à queue longue sur lequel nous avons « sécher » sans pouvoir conclure (un Aigle botté en phase sombre ?). En revanche, pas le moindre Milan noir, ni Faucon crécerelle, ni hobereau.

   Il est un peu plus de midi. La chaleur fait blanchir le ciel et grésiller les lointains, rendant difficile le repérage et le suivi des oiseaux. C’est l’heure de quitter notre belvédère. La nature, une fois encore, n’aura pas lésiné sur la qualité du spectacle.

Jean-Michel LOGEAIS