mercredi 27 février 2019

Un dimanche à Noirmoutier

24 février. Douze personnes pour cette sortie hivernale, bien que ce qualificatif paraisse inapproprié tant le soleil et la température de ce dimanche lorgnent carrément vers une météo printanière.
A l’image de ses consoeurs plus méridionales, Ré et Oléron, Noirmoutier ressemble à un grand radeau qui s’étire entre continent et océan. Ici, le château et le clocher de l’église font office de point culminant et il faut circuler sur les digues pour que le regard s’envole.
C’est précisément sur l’une d’elles, la jetée Jacobsen, que commence notre périple. En contrebas, côté nord-est, le regard plonge sur d’anciens marais salants reconvertis en réserve. Bernaches cravants, Tadornes de Belon, Sarcelles d’hiver et Canards souchets, Goélands cendrés (deux adultes), sans oublier Avocettes élégantes, Chevaliers gambettes, aboyeurs et culblancs ainsi que quelques centaines de Barges à queue noire y assurent ce matin le spectacle. Parmi ces dernières, nous repérons, prélude au futur plumage nuptial, la coloration déjà rousse de certains individus.

Goéland cendré - Larus canus -
Réserve Naturelle des marais de Müllembourg / Noirmoutier-en-l'Île
(Photo : Catherine Lechevallier)
Chevalier gambette - Tringa totanus -
Réserve Naturelle des marais de Müllembourg / Noirmoutier-en-l'Île
(Photo : Catherine Lechevallier)

Un demi-tour, côté sud-ouest, suffit pour apercevoir, mises à nu par la marée basse, une vasière lissée et mouillée comme du ciment frais. Des Mouettes mélanocéphales déjà encapuchonnées et des Sternes caugeks ébouriffées s’y reposent. Non loin, s’y affairent des groupes mobiles et nerveux de Grands gravelots, de Bécasseaux variables et de Chevaliers gambettes. A l’arrière, plus tranquilles, quelques Pluviers argentés semblent attendre. De petits groupes de Spatules nous font lever la tête vers le ciel et admirer l’élégance de leur silhouette et de leur vol.

Mouettes mélanocéphales - Ichthyaetus melanocephalus -,
Sternes caugeks - Thalasseus sandvicensis -
et Mouettes rieuses - Chroicocephalus ridibundus -
Jetée Jacobsen / Noirmoutier-en-l'Île
(Photo : Catherine Lechevallier)
Spatules blanches - Platalea leucorodia - Jetée Jacobsen / Noirmoutier-en-l'Île
(Photo : Catherine Lechevallier)

Pour la pause de midi, nous allons nous poser à l’Herbaudière contre les enrochements bordant le port. L’océan s’est déjà retiré assez loin contrariant l’observation en mer. Un adulte de Goéland marin se nourrissant sur la plage proche laisse admirer son impeccable livrée noire et blanche et la teinte délicate de ses pattes. Vers l’arrière, un Pipit maritime a déjà entamé son manège nuptial ; ascension chantée et descente en parachute, ailes et queue déployées. Non loin, un Rougequeue noir nerveux s’envole de temps à autre pour moucheronner.

Pique-nique - Pointe de l'Herbaudière / Noirmoutier-en-l'Île
(Photo : Catherine Lechevallier)

Un peu plus tard, depuis la Pointe du Devin, nous apercevons une troupe de Bécasseaux sanderlings en train de se nourrir. A l’arrière, côté marais, un Martin-pêcheur se laisse surprendre en plein affût tandis qu’un peu plus loin une Buse variable patrouille et s’envolent quelques Vanneaux huppés.
Difficile à l’évidence de passer à côté de ce Pouillot de Hume, héros involontaire de l’actualité ornithologique noirmoutrine de ces dernières semaines. L’oiseau se cantonne dans un petit lotissement à la végétation un peu chiche. Sur les lieux, l’un de nous entend clairement plusieurs fois le cri de ce lointain Pouillot d’Asie centrale. Rien n’y fait cependant ; l’oiseau ne se montrera pas.

Dernière étape de notre sortie vendéenne, le polder de Sébastopol. Au-delà de la longue digue, l’océan est déjà bien loin, grande marée basse oblige ; les pêcheurs à pied, là-bas sur les vasières, sont devenus des silhouettes minuscules. En deçà, s’étirent de longs bassins bordés de végétation basse. S’y ébattent Grèbes castagneux, Foulques macroules, Tadornes et Avocettes. L’observation d’un Râle d’eau sera le clou de cette journée trop brève. Oublieux, l’espace de quelques minutes, de sa prudence légendaire, il vient se nourrir à découvert et laisse admirer à tous les observateurs la subtilité et l’élégance de ses couleurs : bleu gris de la face et de la poitrine, roussâtre ponctué de noir du dos et flancs finement barrés de noir et de blanc.

Râle d'eau - Rallus aquaticus - Etang du Vide / Barbâtre
(Photo : Catherine Lechevallier)

L’heure est venue de partir. Rejoignant nos véhicules nous assistons au rassemblement bruyant de centaines de Mouettes mélanocéphales posées sur les îlots qui, d’ici quelques mois, accueilleront leurs nichées. Nous emportons avec nous leur clameur, addition de centaines de cris pareils aux plaintes d’un bébé, cette impression étrange de côtoyer une pouponnière géante.

Merci à Christelle, Hugues, Cathy, Michelle, Didier, Bernadette, Patrice, Catherine, Vincent, Lucas et Jean-Michel T. pour la réussite et la belle humeur de ce dimanche à Noirmoutier où nous aurons malgré tout contacté soixante-huit espèces.

Jean-Michel Logeais