jeudi 27 juin 2024

 


                À la découverte des oiseaux du bocage


   Dernière décade de juin. Ce samedi matin, à voir ces grosses nuées grises encombrant le ciel, on a bien du mal à croire en ce début d'été. Ce n'est pas une raison pour faire renoncer les huit personnes qui se sont déplacées pour cette sortie. Objectif: mieux connaître les oiseaux du bocage.


   Somloire, un canton à Pie-grièche écorcheur.

                                                                                                                           Photo Katia Baudouin

   Le bocage, c'est celui qui s'étend au sud de Somloire, entre le bourg et la limite avec les Deux-Sèvres. Peu de cultures, de l'élevage, des prairies et un maillage encore dense de haies riches en épineux entre lesquelles sinuent quelques chemins noyés dans l'ombre de grands arbres.

   Impatient(e)s d'observer, voire de découvrir la Pie-griéche écorcheur, les participant(e)s n'ont pas eu à attendre. Dès notre arrivée sur les lieux, jumelles et longues-vue sont aussitôt braquées sur deux mâles affûtant depuis une ligne téléphonique, descendant à terre pour capturer un insecte, rejoignant leur perchoir, disparaissant dans une haie, réapparaissant... Un régal! L'espèce nous accompagnera tout au long de cette journée. Au gré de nos déplacements, nous en repèrerons une quinzaine, mâles et femelles, fidèles la plupart à des stations connues et, pour quelques individus, là où on ne les connaissait pas encore.


   Chevêche, élanion, loriot, fauvettes, etc.


   Notre petit groupe remonte lentement une modeste route de ferme. Chacun est à l'affût des moindes cris, chants et mouvements. Chants rapeux d'une Fauvette grisette, babil précipité d'une Hypolaïs polyglotte, conversation ininterrompue d'une Fauvette des jardins et final forte d'une Fauvette à tête noire. Non loin, perché dans les feuillages, le vert rutilant d'un Verdier d'Europe qui finit par faire entendre son chant bien peu musical.

   Dans un vieux hangar abritant des balles de paille , deux Chevêches d'Athéna nous regardent, aussi surprises sans doute que celles et ceux qui les découvrent. Un peu plus loin, près d'un bâtiment d'élevage où volettent des juvéniles de Bergeronnette grise, un Élanion blanc guette une proie en volant sur place, descend par paliers les ailes relevées, remonte, recommence et finit par plonger avant de décoller bredouille et de disparaître. Quelle élégance! Revenant sur nos pas, repérons un Loriot d'Europe qui va se perdre dans les frondaisons. Il ne tarde pas à faire entendre quelques notes de son incomparable chant avant de quitter sa cache. 

   À peine un kilomètre au sud, nouvel arrêt. L'oreille jeune et affûté de l'un de nous capte le cri insistant d'un Cisticole des joncs (oui, le nom est masculin!). Là-bas, sur une branche d'un arbre mort, deux élanions s'accouplent avant de faire perchoir séparé.


                                                                                                                           Photos Katia Baudouin


   À huit, à cinq puis à trois.


   Au fil de la journée et au gré des contraintes des un(e)s et des autres, notre groupe de départ s'amenuise.  Nous restons sur Somloire mais en variant les coins. À l'heure du pique-nique, une lisière de bois qu'anime le chant infatigable d'une Fauvette des jardins. Puis, la jungle humide d'une carrière abandonnée. Les haies bocagères, encore et toujours, avec leurs incontournables: Tarier pâtre, Fauvette grisette, Hypolaïs polyglotte, Bruant jaune et Bruant zizi, sans oublier bien sûr la Pie-grièche écorcheur.

   Dernière halte à la Thibaudière, un étang, à la limite des communes de Somloire et de La Plaine. Rien de bien original hormis la présence de deux Sternes pierregarins, le chant d'une Rousserolle effarvatte (rare dans cette zone) et, derrière nous, l'alarme insistante d'un loriot qui finit par s'envoler pour éloigner une corneille trop curieuse.


   Au sud-est de Cholet, subsistent – pour combien de temps encore ? – quelques zones bocagères assez bien conservées avec une avifaune riche et diversifiée (56 espèces contactées). Ce que nous a confirmé, s'il en était besoin, cette sortie dans ce coin peu fréquenté du département, à la grande satisfaction des celles et ceux venus le découvrir.



                                                                                                       Jean-Michel Logeais