NOS MATINÉES ANGIBOURGÉRE (2)
Ceux qui nichent, ceux qui passent, ceux qui restent.
Juillet. Les nicheurs l'emportent encore sur les migrateurs. Le doux roucoulement des tourterelles des bois, les alarmes nerveuses des fauvettes grisettes et des hypolaïs, le cri aigre d'une Pie-grièche écorcheur élevant ses jeunes accompagnent nos débuts de matinées. Quelques heures plus tard, à la faveur du réchauffement de l'air, on voit s'élever éperviers, buses et bondrées. Pour celles-ci, l'heure du départ vers le sud n'est pas encore venue. Côté migration, on reste un peu sur sa faim. Les premiers milans noirs et les martinets – bien moins nombreux que l'an passé – forment l'avant-garde de cette migration d'automne qui, jusqu'en novembre, va traverser l'Europe et dont nous recueillons ici quelques miettes. Chevaliers culblanc et sternes pierregarins sont les bonnes surprises du mois.
Photo Catherine LechevallierAoût. Les voix des nicheurs s'éteignent peu à peu. Certains ont disparu, d'autres se font discrets. Deux champs de tournesol de part et d'autre de la crête attirent déjà linottes et chardonnerets. Dans le ciel, quelques milans, les premières bondrées de passage, des hirondelles des trois espèces, deux rares pipits rousselines et des goélands bruns. Dans les buissons, le nombre de pouillots fitis et de gobemouches noirs commence à grossir. Si quelques tourterelles des bois circulent encore sur le site, on peut en observer aussi, au petit matin, rapides et déterminées, de petits groupes se faufilant entre les arbres et filant plein sud. Chaque matin, le pic vert local fait entendre ses salves de ricanements et, derrière nous, venant de la carrière, nous arrivent parfois les cris d'un couple de faucons pèlerins.
Photo Catherine LechevallierSeptembre. Les oiseaux de passage se font plus nombreux. Côté rapaces, quelques busards, les dernières bondrées, éperviers et faucons crécerelles passent souvent haut dans le ciel. Grandes aigrettes, hérons cendrés et cigognes blanches sont aussi de la partie. De petits groupes de colombins et de ramiers commencent à passer la crête. Dans la végétation environnante, moins de gobemouches noirs mais davantage de gobemouches gris et chaque matin les cris insistants d'un ou de plusieurs rougequeues à front blanc. Pouillots et mésanges se font toujours plus présents. Des élanions viennent nous rendre visite presque chaque jour et il arrive que le faucon pèlerin de la carrière manifeste sa mauvaise humeur au passage d'un de ses congénères en plein voyage. Le pic vert du coin ricane toujours autant. Tout le monde attend impatiemment le grand rush des hirondelles rustiques longtemps contrarié cette année par une météo trop froide. Il faudra attendre la fin du mois pour assister à "leur" journée. le vingt-neuf du mois, on en comptera ici plus de 7000.
Le gros des hirondelles passé, s'ouvre un autre chapitre, plus automnal, fait de grives et d'alouettes des champs, de bergeronnettes grises et de pipits farlouses, de pinsons des arbres et autres fringilles. Un chapitre encore loin d'être fermé.
Après les oiseaux, reste évidemment à parler des observatrices et observateurs, celles et ceux sans qui n'auraient jamais existé ces matinées Angibourgère.
(la suite dans une prochaine rubrique)
Jean-Michel Logeais