jeudi 9 juillet 2020

ET QU’ÇA SAUTE !

Compte rendu de la sortie entomologique du 4 juillet

Lucane cerf-volant ♂ - Lucanus cervus - Étang du Bois Ham / Jallais
Photo : Didier Ferrand

   Première sortie du groupe depuis la fin du confinement, sortie masquée, virus oblige. Pour cet après-midi de début juillet, l’été s’est déguisé en automne : fraîcheur, vent atlantique et petit crachin. Nous nous retrouvons à sept près de l’étang du Bois Ham (Jallais). Nous sommes ici pour les orthoptères (criquets, sauterelles, grillons et compagnie) mais aussi pour tous les insectes que nous rencontrerons.

   Il nous faut seulement quatre heures pour boucler le tour du modeste étang. L’allure normale de croisière pour un entomologiste, confirmé ou en herbe. Exploration de la végétation, captures, recherches dans les livres, discussions, photographies, identification, c’est fou ce que cela prend de temps.

   Coups de filet dans l’herbe, secouements répétés des feuillages. La manne recueillie sur le carré de toile blanche est souvent abondante : charançons, représentant de coléoptères du genre Lagria, un autre, Hispa atra, des chrysomèles, un autre encore du genre Heterotoma. On est heureux de se perdre dans cette surabondance de formes et d’appellations, un peu frustrés néanmoins de ne pas pouvoir toujours donner de nom à une espèce et de devoir s’arrêter au genre. L’entomologie est l’occasion de mesurer le peu que nous savons à l’immensité de notre ignorance.

Anax empereur - Anax imperatorÉtang du Bois Ham / Jallais
Photo : Didier Ferrand


   Du côté des filets classiques, des libellules : Agrion délicat Ischnura elegans, Agrion jouvencelle Coenagrion puella, Pennipatte bleuâtre Platycnemis pennipes, Orthetrum réticulé Orthetrum cancellatum, Anax empereur Anax imperator. Côté papillons, ni le Cuivré Lycaena phlaeas, ni le Myrtil Maniola jurtina ou la Mégère Lasiommata megera ne posent problème. Ce n’est pas le cas en revanche des géomètres, des pyrales et autres micro lépidoptères sur lesquels nous séchons.
   Les sauteurs ne sont pas en reste : Grande sauterelle Tettigonia viridissima, Leptophyes punctatissima, Pholidoptera griseoaptera, Criquet des pâtures Chorthippus parallelus, Criquet des bromes Euchortippus declivus et, pour l’oreille affûtée du plus jeune d’entre nous, les stridulations lointaines d’un Grillon bordelais Eumodicogryllus bordigalensis que notre ouïe érodée ne parvient pas à percevoir.

   Malgré cette météo boudeuse, ces quatre heures d’exploration, sous la houlette des professeurs Charrier et Maudet, nous ont fait prendre la mesure, s’il en était besoin, de cette diversité vertigineuse des espèces que donne à voir le monde des insectes comme de sa fragilité, confrontée à cette moderne et dangereuse passion des hommes pour le béton, l’asphalte, les cultures aseptisées et la nature sous contrôle.


Jean-Michel Logeais